Nextdoor, c’est un espace de coworking nouvelle génération, ouvert à Issy-les-Moulineaux. Philippe Morel, son président, décrypte les spécificités de ce modèle et présente ses perspectives de développement.
L’économie a beau se dématérialiser, ses acteurs restent bien physiques, et les « conf calls » et le télétravail montrent leurs limites. Les collaborateurs comme les indépendants réclament des « lieux à partager ». Pour répondre à ces besoins, Nextdoor, filiale à 100 % du groupe Bouygues Immobilier, propose un nouveau concept d’espace de coworking à Issy-les-Moulineaux. Depuis son ouverture en juin 2015, le taux d’occupation reste fixé à 100 %. Philippe Morel, son président, décortique les raisons de ce succès et présente ses perspectives de développement.
En quoi consiste le modèle Nextdoor ?
Philippe Morel – Nextdoor est sur un positionnement « post-incubateur ». Sa promesse est très simple : permettre aux entreprises de grandir sans s’occuper de rien. Tout est pris en charge : connectivité, entretien, maintenance, sécurité, etc. Les locaux sont accessibles 24h sur 24, 365 jours par an, une flexibilité dont ont besoin les jeunes entreprises, pour un coût 30 % moins cher qu’un bail traditionnel. Mais l’expérience Nextdoor est aussi irrationnelle : c’est l’ambiance et la convivialité, tout est mis en œuvre pour que les colocataires passent un bon moment chez nous. Ce n’est pas un lieu de passage, mais un camp de base, une pension de famille.
Peut-on imaginer que de grandes entreprises se convertissent à ce type de locaux ?
P.M. – Oui, les chefs d’entreprise en visite chez nous apprécient Nextdoor et sont prêts à y mettre des équipes projets. Mais le modèle actuel ne comble pas entièrement leurs besoins, car c’est toute leur entreprise qui doit changer. Ils nous disent : « Faites venir Nextdoor chez nous ! » Nous avons donc développé une nouvelle offre, Nextdoor Business Solutions, pour « nextdooriser » les sièges sociaux.
À quoi ressemblerait la « nextdoorisation » de tours de la Défense, par exemple ?
P.M. – « Nextdooriser », en substance, c’est réduire les espaces inutiles pour augmenter le taux d’occupation réel. Dans un siège social de 10000 m2, ce taux est faible, autour de 12, 15, voire 18 m2 par poste de travail, avec beaucoup de place perdue, notamment des parties communes surdimensionnées. Nous cassons l’intérieur pour créer un siège social collaboratif, avec des espaces très différents, de toutes les formes, pour travailler seul, à 2, 4, 6 ou 8, des salles de brainstorming, bref une mixité de fonctionnalités à l’intérieur même du bâtiment. Avec cet aménagement, on gagne à peu près 20 à 25 % d’espace, tout en redonnant de l’agrément aux collaborateurs.
Quelles sont vos perspectives de développement ?
P.M. – Nous allons ouvrir trois autres sites en 2016. Tout d’abord à Issy-les-Moulineaux, avec un bâtiment de 5000 m2 en face du premier, pour créer un village Nextdoor de 820 personnes. À l’automne nous allons également ouvrir un Nextdoor à Cœur Défense, un lieu moins austère, plus communautaire et financièrement plus attrayant. Enfin, un quatrième lieu sera inauguré près de Gare de Lyon d’une capacité de 450 clients. À la fin de l’année 2016, Nextdoor sera en mesure d’accueillir 2000 personnes.
Pascal de Rauglaudre